James Bond
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James Bond
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Drax: "James Bond. Vous réapparaissez aussi inévitablement que la mauvaise saison."
James Bond: "J'ignorais jusque-là qu'il y eut des saisons dans l'espace."
Drax: "En ce qui vous concerne, il n'y aura que l'hiver."
―Hugo Drax et James Bond[src]

Moonraker est un film d'espionnage et de science-fiction franco-britannique réalisé par le cinéaste Lewis Gilbert et sorti en 1979. C'est le onzième volet de la série de films de James Bond, produit par Albert R. Broccoli par l'intermédiaire de sa société EON Productions et le quatrième à mettre en scène l'acteur britannique Roger Moore dans le rôle de l'agent du MI6 éponyme. C'est également l'adaptation cinématographique du roman Moonraker (1955) de Ian Fleming, bien qu'il ne reprenne en réalité qu'une seule scène du livre. L'histoire était destinée à devenir un film avant que Fleming n'ait achevé le roman car l'auteur s'était basé sur un manuscrit de scénario qu'il avait lui-même rédigé. Moonraker est le dernier livre de Fleming à avoir été adapté au cinéma avant Casino Royale (2006).

Le scénario a été écrit majoritairement par Christopher Wood et suit James Bond alors qu'il enquête sur le vol d'une navette spatiale Moonraker. Ceci l'amène à interférer avec les opérations de l'entrepreneur américain Hugo Drax, qui est le propriétaire de l'entreprise responsable de la construction de la navette. Accompagné par la scientifique et espionne américaine Holly Goodhead, l'agent 007 suit une piste de la Californie à Venise en passant par Rio de Janeiro, et la forêt amazonienne pour finir dans l'espace. Tout cela dans le but d'empêcher un complot visant à éliminer la population mondiale et à recréer l'humanité avec une race maîtresse. Outre Moore, Moonraker met également en scène l'acteur franco-britannique Michael Lonsdale dans le rôle d'Hugo Drax ainsi que l'actrice américaine Lois Chiles dans le rôle d'Holly Goodhead. Richard Kiel a repris son rôle iconique du tueur aux dents d'acier Requin apparu dans le film précédent, L'espion qui m'aimait (1977). Le générique de fin de ce dernier film annonçait Rien que pour vos yeux comme prochaine aventure. Finalement les producteurs ont préféré lancer d'abord Moonraker en raison de la montée en puissance du genre science-fiction, dans le sillage du phénomène Star Wars[2]. Le film a été tourné principalement en France, mais aussi en Italie, au Brésil, au Guatemala et aux États-Unis. Les studios de Pinewood en Angleterre, traditionnellement utilisés pour la série, n'ont exceptionnellement servi que pour l'équipe des effets spéciaux.

Le budget de Moonraker est estimé à 34 000 000 $[1]. Il est donc supérieur à ceux des six premiers films d'EON cumulés[3], le budget du générique d'ouverture seul dépassant la totalité du budget de James Bond 007 contre Dr. No (1962)[3]. Il a rapporté plus de 210 300 000 $ (742 000 000 $ en avril 2019[2]) au box-office mondial, ayant ainsi été le James Bond le plus rentable jusqu'à la sortie de GoldenEye (1995)[3]. Il a néanmoins reçu des critiques généralement mitigées, principalement en raison d'une trop grosse part donnée à l'humour et du fait qu'il se déroule en partie dans l'espace, un concept considéré comme trop absurde et inapproprié pour un film de James Bond. Néanmoins, les effets visuels du film ont été salués, Derek Meddings, Paul Wilson et John Evans ayant été nommés pour l'Oscar des meilleurs effets visuels, et Moonraker a été nommé pour trois Saturn Awards, celui du meilleur film de science-fiction, celui des meilleurs effets spéciaux et celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Richard Kiel[4]. En outre, comme L'espion qui m'aimait, Moonraker a fait l'objet d'une adaptation en roman par Christopher Wood lui-même, et plusieurs parties de son intrigue ont été "ré-imaginées" pour le jeu-vidéo de 2012 007 Legends dans lequel Michael Lonsdale a repris son rôle.

Synopsis[]

Le vol d'un Boeing 747 transportant une navette spatiale "Moonraker" conçue par l'entreprise américaine Drax Industries et devant être prêtée au gouvernement britannique est détourné. Cela entraîne la destruction de l'avion et la disparition de la navette dont l'épave reste introuvable. Le chef du MI6, M, confie l'enquête à son meilleur élément, James Bond 007. Mais dans le jet privé Apollo qui le ramène de sa dernière mission Africaine, James est attaqué par l'assassin professionnel Requin (dont il a déjà croisé la route dans L'espion qui m'aimait). Après un combat en chute libre avec un des complices de ce dernier, l'espion survit et laisse Requin pour mort lorsqu'il s'écrase sur le chapiteau d'un cirque.

James Bond rencontrant Drax

Bond rencontrant Drax.

Après avoir été briefé sur sa nouvelle mission par ses supérieurs, Bond décide de débuter l'enquête en rencontrant Hugo Drax, le propriétaire de la navette, à l'usine californienne où sont fabriquées les navettes. Bien que Drax semble dans un premier temps vouloir collaborer pour retrouver son vaisseau, il s'avère très vite être fourbe car il tente de faire tuer 007 par son homme de main Chang en utilisant une centrifugeuse. Le héros est sauvé in extremis par un gadget mis à sa disposition par Q, le quartier-maître équipementier du MI6. Il couche ensuite avec Corinne Dufour, l'assistante et pilote de Drax, qui l'aide involontairement à trouver un coffre-fort dans lequel se trouvent des documents qui mènent 007 à Venise, en Italie. Entre temps, Drax tente à nouveau de le faire tuer lors d'une partie de chasse, mais Bond élimine un autre complice et part pour Venise. Drax apprend toutefois par Chang la trahison de Corinne et fait impitoyablement tuer cette dernière par ses dobermans de compagnie, lâchés sur elle par son homme de main.

À Venise, Bond enquête sur un magasin de verrerie lié à Drax et tombe nez-à-nez avec le Dr. Holly Goodhead, une scientifique déjà rencontrée dans le domaine de Drax en Californie. Après avoir survécu à des sbires de l'industriel qui le poursuivaient sur les canaux, l'employé du MI6 découvre le soir-même un laboratoire secret où des scientifiques développent un gaz neurotoxique mortel pour les humains mais inoffensif pour les animaux et les plantes. Dans un même temps, 007 est attaqué par Chang qu'il affronte longuement dans la verrerie. Il découvre que l'organisation de Drax s'étend jusqu'à Rio de Janeiro, au Brésil. Après avoir tué Chang en le jetant du haut du musée, il rejoint Goodhead à sa chambre d'hôtel et se rend compte qu'elle est un agent de la CIA enquêtant sur Drax. Il couche ensuite avec elle. Le Britannique conserve également un échantillon de la toxine du laboratoire qu'il remet à M pour analyse, avant d'être autorisé à poursuivre son enquête à Rio de Janeiro. Dans un même temps, Drax décide d'engager Requin, toujours vivant, en remplacement de Chang.

James Bond contre Requin 4

Bond étant confronté à Requin.

Au Brésil, Bond survit à plusieurs tentatives d'assassinat de Requin tout en rencontrant Goodhead à nouveau. Après une de leurs confrontations, le tueur aux dents d'acier rencontre Dolly, une jeune femme myope, c'est le coup de foudre mutuel. Entretemps, les sbires de Drax capturent Goodhead alors que Bond s'échappe à nouveau. Il apprend que la toxine provient d'une orchidée rare qui peut être trouvée uniquement le long d'une rivière de la forêt amazonienne. Après avoir survécu une nouvelle fois à Requin et à ses complices, l'agent "00" localise le site de lancement des navettes de Drax, dissimulé dans les ruines d'une civilisation méso-américaine disparue, mais ce dernier le capture après avoir échoué à le faire tuer par un python que 007 tue grâce à un gadget de Q. Dans une salle de contrôle, ils assistent aux décollages de quatre navettes Moonraker alors que Drax révèle qu'il a volé sa propre navette pour palier en urgence à un montage défectueux d'une de ses autres Moonraker. Le milliardaire misanthrope tente ensuite de brûler vif Bond et Goodhead, (qui était retenue prisonnière dans la base), avec les réacteurs d'une cinquième navette qui décolle. Le duo s'échappe de justesse en faisant exploser la grille d'une bouche d'aération et prend la place de deux pilotes dans une autre navette. Ils suivent ainsi Drax et ses cohortes dans l'espace où ils découvrent l'existence d'une immense station satellitaire rendue indétectable par un système de brouillage radar.

Holly et Bond écoutant le discours de Drax

Bond et Holly découvrant les plans de Drax.

À l'intérieur de la station, Drax expose les détails de son plan. Il consiste à lâcher 50 sphères contenant sa toxine à des endroits stratégiques de la Terre pour anéantir tous ses habitants, et repeupler la planète avec des hommes et des femmes parfaitement constitués sélectionnés par lui. 007 et Goodhead désactivent cependant le système de brouillage pour rendre la station détectable, amenant l'US Air Force, interloquée, à envoyer dans l'espace un peloton de Marines spécialement armés sous le commandement du colonel Scott. Notre duo est ensuite à nouveau capturé par Requin, et alors que Drax lui ordonne de les expulser dans l'espace via un sas, Bond fait subtilement remarquer au géant que Dolly et lui seront certainement euthanasiés car ils ne correspondent pas aux critères idéaux de Drax. En conséquence, Requin " ouvre les yeux" et se retourne contre son employeur, aidant 007 à combattre les gardes. Au cours de la bataille subséquente autour et à l'intérieur de la station, qui oppose Bond, Goodhead, Requin et les soldats de l'US Air Force à Drax et à ses forces armées, le commander tire sur l'entrepreneur mégalomane avec une fléchette empoisonnée avant d'expédier son corps mourant dans l'espace. Alors que la station spatiale perd sa stabilité structurelle et s'effondre lentement, que les Marines évacuent les installations, Requin et Dolly aident Bond et Goodhead à prendre le contrôle d'une des navettes Moonraker pour pister les trois seules sphères de gaz que Drax eut le temps de lancer, avant qu'elles n'atteignent la Terre. Ils parviennent non sans peine à les détruire. Les deux amoureux sont ensuite récupérés par les Marines après s'être réfugiés dans une capsule de sauvetage. Alors que Bond et Goodhead font l'amour en apesanteur, les images de leur ébats sont retransmises en direct à leurs supérieurs à la Maison-Blanche et au Buckingham Palace, à la confusion générale.

Distribution[]

Production[]

Genèse du projet et écriture[]

Comme indiqué précédemment, le générique de L'espion qui m'aimait indiquait "James Bond reviendra dans Rien que pour vos yeux" mais les producteurs ont finalement choisi le roman Moonraker comme base du film suivant au vu du succès des films de science-fiction La guerre des étoiles (Georges Lucas 1977) et Rencontres du troisième type (Steven Spielberg 1977)[2][5][6]. La production de Rien que pour vos yeux a donc été retardée pour suivre celle de Moonraker.

Le scénariste Tom Mankiewicz avait écrit une courte ébauche pour Moonraker mais celle-ci a été en grande partie abandonnée. Selon Mankiewicz, les séquences tournées dans les repaires d'Hugo Drax étaient considérablement plus détaillées que le résultat montré dans la version finale[7]. Toutefois, certaines idées du scénario de Mankiewicz ont par la suite été réutilisées, notamment dans le pré-générique de Octopussy (1983) et la scène de la tour Eiffel de Dangereusement vôtre (1985)[3]. Comme susmentionné, le film ne reprend que très peu d'éléments du roman à l'exception de la présence de Drax et la scène où Bond et sa partenaire manquent d'être brûlés vifs par les réacteurs d'une fusée. Divers éléments narratifs, thèmes et idées du livre ont ensuite été repris dans Meurs un autre jour (2002) et ont, dans une certaine mesure, inspirés GoldenEye[3].

En 1978, le cinéaste à succès Steven Spielberg a été pressenti pour réaliser Moonraker après le succès de son film Rencontres du troisième type mais Albert R. Broccoli l'a refusé[8]. La situation s'étant déjà produite à l'identique pour le film précédent, L'espion qui m'aimait, alors que Spielberg terminait son futur grand succès : Les dents de la mer (1975). Lewis Gilbert est finalement revenu à la réalisation après avoir mis en scène On ne vit que deux fois (1967) et L'espion qui m'aimait.

Distribution[]

Son contrat initial (stipulant qu'il apparaîtrait dans trois films) étant arrivé à échéance après L'espion qui m'aimait, Roger Moore n'était pas certain de revenir dans ce film et des négociations ont donc eu lieu entre Albert Broccoli et lui. L'acteur a finalement signé un contrat en janvier 1978 pour jouer dans Rien que pour vos yeux, bien que le film soit ensuite devenu Moonraker en mai suivant[5].

Pour le rôle d'Hugo Drax, furent envisagés l'acteur français Louis Jourdan, le chanteur Frank Sinatra et les acteurs britanniques Stewart Granger et James Mason, avant que Michael Lonsdale ne soit choisi[5][9][10][11]. Jourdan obtiendra plus tard le rôle de l'antagoniste Kamal Khan dans Octopussy.

L'actrice française Carole Bouquet et la néerlandaise Sylvia Kristel ont auditionné pour le rôle d'Holly Goodhead[12] avant que Lois Chiles ne le décroche après une rencontre imprévue avec Lewis Gilbert dans un voyage en avion[5][3]. Bouquet interprétera plus tard la James Bond Girl vengeresse Melina Havelock dans Rien que pour vos yeux. Sylvia Kristel a également été envisagée pour le rôle de Corinne Dufour[11][13] et avait auparavant auditionné pour celui de Naomi dans L'espion qui m'aimait[14]. L'actrice Jaclyn Smith s'était elle aussi vu offrir le rôle de Holly Goodhead, mais a dû le refuser en raison de conflits d'horaires avec la série Drôles de dames[15].

Adele Fátima

Une copie d'un journal brésilien faisant croire à une relation entre Adele Fátima et Roger Moore.

Bien que l'actrice néerlandaise Emily Bolton soit l'interprète officiel de Manuela, le contact brésilien de Bond, certaines scènes du personnage avaient d'abord été filmées avec l'actrice brésilienne Adele Fátima, qui a finalement été retirée du montage final pour des raisons qui n'avaient pas été divulguées à l'époque. Lors d’une interview pour l'émission brésilienne Domingo Show en 2018, Fátima a confirmé avoir tourné des scènes pour le film mais a rapporté que la presse brésilienne de l'époque n'était pas professionnelle et a tenté de faire croire qu'elle entretenait une liaison avec Roger Moore. Cela aurait rendu la femme de Moore si jalouse qu'elle demanda à Albert Broccoli de la renvoyer du projet[16].

L'actrice française Blanche Ravalec, qui avait commencé récemment sa carrière par des rôles mineurs dans des films français tels que L'hôtel de la plage (1978) de Michel Lang et Une histoire simple (1978) de Claude Sautet, a été choisie pour incarner Dolly. À l'origine, les producteurs doutaient que le public accepte la différence de taille entre Requin et elle, et n'ont pris leur décision qu'après avoir appris par Richard Kiel que sa femme dans la vie réelle était de la même taille[3].

L'actrice américaine Barbara Bach devait à l'origine reprendre son rôle d'Anya Amasova de L'espion qui m'aimait pour une brève apparition, mais l'idée a été abandonnée quelques semaines avant le début du tournage. Selon le livre The Bond Files, son personnage aurait été la femme aperçue au lit avec le général Gogol[3].

Tournage[]

Le tournage de Moonraker a eu lieu du 14 août 1978 au 27 février 1979[6]. Contrairement à tous les opus précédents de la saga, il n'a pas pu être tourné dans les studios de Pinewood en raison de taxes trop contraignantes au Royaume-Uni à cette époque et un plateau énorme a donc été construit par Ken Adam dans les studios d'Épinay-sur-Seine, en France. Seuls les intérieurs du téléphérique et les extérieurs de la bataille spatiale ont été filmés à Pinewood. La base spatiale créée par Ken Adam a coûté 7 600 000 $ pour une longueur de 1 800 m2[2]. Les décors conçus par Adam étaient à l'époque les plus grands jamais construits en France et ont nécessité environ 220 000 heures de travail (environ 1 000 heures pour chaque membre de l'équipe, en moyenne)[6]. De nombreuses scènes du film ont été tournées dans les villes de Londres, Paris, Venise, Palmdale, Port Sainte-Lucie et Rio de Janeiro. La production avait envisagé l'Himalaya, l'Inde[2] et le Népal comme lieux de tournage mais après des voyages de repérage, il a été convenu de ne pas utiliser ces pays car il était difficile de les intégrer dans le scénario, en particulier compte tenu des contraintes de temps. Le choix de Rio de Janeiro s'est imposé relativement tôt car Albert Broccoli s'y était rendu en vacances et une équipe dirigée par Lewis Gilbert et le chef opérateur Claude Renoir y a été envoyée en début 1978 pour filmer les premières images du carnaval, qui figurent dans le film[2].

James Bond à Rio

La scène où Bond arrive à Rio de Janeiro comme elle est montrée dans le film.

Sur le site de Rio de Janeiro, plusieurs mois plus tard, Roger Moore est arrivé sur le plateau avec plusieurs jours de retard en raison de problèmes de santé récurrents et d'une crise de calculs rénaux dont il avait souffert lors d'un séjour en France. À son arrivée, Moore a été immédiatement sorti de l'avion pour être coiffé et maquillé avant d'être à nouveau conduit dans l'avion pour filmer la séquence où il arrive dans la ville. Le mont Sugarloaf était un lieu important du film et, pendant le tournage de la séquence du téléphérique en plein vol dans laquelle Bond et Holly Goodhead sont attaqués par Requin, le cascadeur Richard Graydon a glissé et a évité de justesse une chute mortelle[2]. Pour la scène dans laquelle Requin mord le câble d'acier du tramway avec ses dents, le câble était en réalité fait de réglisse, bien que Kiel ait réellement dû utiliser son dentier en acier.

Les chutes d'Iguazu, dans le sud du Brésil, ont été utilisées dans le film, bien que, comme le note Q, les chutes étaient censées se trouver quelque part dans le bassin supérieur du fleuve Amazone. La seconde équipe dirigée par John Glen souhaitait originellement faire passer un vrai bateau par-dessus les rochers mais en tentant de filmer la scène, le bateau en question s'était encastré dans des rochers au bord de la falaise. L'équipe a alors tenté de le récupérer à l'aide d'un hélicoptère et d'une échelle de corde mais la deuxième équipe a finalement été obligée d'utiliser une miniature à Pinewood[2]. L'extérieur du quartier-général d'Hugo Drax se trouvant dans la forêt amazonienne, près des chutes, a en fait été filmé dans les ruines mayas de Tikal, au Guatemala. L'intérieur de la pyramide, en revanche, a été conçu par Ken Adam dans un studio français où il a volontairement utilisé un revêtement brillant pour donner aux murs un aspect plastique et factice. Contrairement aux requins qui ont menacé Sean Connery sur le tournage de Opération Tonnerre (1965), les pythons de Drax n'attaquaient pas les cascadeurs et tentaient de sortir de l'eau le plus vite possible car elle était trop froide pour leur confort. Toutes les scènes du centre spatial ont été tournées dans le Vehicle Assembly Building du Kennedy Space Center, en Floride, bien que certaines des premières scènes de l'usine d'assemblage du Moonraker aient été tournées sur place, à l'usine Rockwell International de Palmdale, en Californie. Des lasers réels ont été utilisés pour les effets spéciaux du film[3]. Les fusils laser ont été fabriqués à partir de jouets Uzi tandis que les pistolets laser sont des sèche-cheveux modifiés. Le programme de la navette spatiale de la NASA n'ayant pas été lancé, Derek Meddings et son équipe de miniatures ont dû créer les séquences de lancement de la fusée sans aucune référence. Des maquettes de navette attachées à des fusées-bouteilles et des fusées de signalisation ont été utilisées pour le décollage, et la traînée de fumée a été créée avec du sel qui tombait des maquettes. Un incendie de grande envergure s'est déclenché suite à une explosion programmée du décor et six camions de pompiers ont été dépêchés pour l'éteindre[5]. Pour rendre crédible la scène de la mort de Drax, dans laquelle le méchant est projeté dans l'espace, une caméra orientée vers le haut a été placée sur le sol et Michael Lonsdale a été tiré par un câble à cinquante mètres dans les airs.

Le manoir de Drax, situé en Californie dans le film, était en réalité représenté par le Château de Vaux-le-Vicomte, à environ 55 kilomètres au sud-est de Paris, pour les extérieurs et le Grand Salon. Les autres intérieurs, dont certaines scènes avec Corinne Dufour et le salon, ont été tournés au château de Guermantes. Toutefois, la scène de rencontre entre Bond et Holly Goodhead a été tournée au cinquième étage du Centre Pompidou, à Paris[2].

Affrontement en chute libre

La scène de l'affrontement en chute libre comme elle est montrée dans le film.

La scène du pré-générique dans laquelle Bond affronte Requin et le pilote du jet Apollo en chute libre a nécessité des semaines de planification et de préparation. Elle était coordonnée par Don Calvedt sous la supervision de John Glen et a été tournée au-dessus du lac Berryessa, dans le nord de la Californie. Alors que Calvedt et le champion de parachutisme B.J. Worth mettaient au point l'équipement de la scène, qui comprenait un sac de parachute de 25 mm d'épaisseur pouvant être dissimulé sous la combinaison pour donner l'impression que le parachute est manquant, et un équipement destiné à empêcher le cadreur en chute libre de subir le coup du lapin en ouvrant son parachute, ils ont fait appel au cascadeur Jake Lombard pour tester le tout. Ce dernier a finalement joué le rôle de Bond dans la scène, alors que Worth jouait le rôle du pilote du jet, et Ron Luginbill celui de Requin. Lombard et Worth sont ensuite tous deux devenus des membres réguliers de l'équipe de cascadeurs pour les séquences aériennes des films de la série ultérieurs. Lorsque les cascadeurs ouvraient leurs parachutes à la fin de chaque tournage, les coutures des costumes en velcro cousues sur mesure se détachaient pour permettre aux parachutes cachés de s'ouvrir. Le directeur de la photographie de la scène utilisait un objectif anamorphique expérimental Panavision en plastique léger, acheté chez un vieux prêteur sur gages à Paris, qu'il avait adapté et fixé à son casque pour filmer toute la séquence[6]. La scène a nécessité au total 88 sauts en parachute de la part des cascadeurs pour être achevée (chacun des sauts donnant des plans d'environ trois secondes[5]). Les seules parties de la séquence tournées en studio étaient des gros plans de Roger Moore et de Richard Kiel. Le tournage de cette scène a duré cinq semaines[5].

James Bond contre Chang

La scène de l'affrontement entre Bond et Chang comme elle est montrée dans le film.

La scène de l'affrontement entre Bond et Chang dans le musée a été tournée dans un studio parisien[2] et détenait à l'époque le record de la plus grande quantité de verre en sucre brisée[3]. Le combat a débuté sur la place Saint-Marc, qui réapparaîtra des années plus tard dans Casino Royale.

Musique[]

Après avoir été absent de L'espion qui m'aimait, le compositeur habituel John Barry est revenu pour la musique de Moonraker. La bande originale a été enregistrée à Paris, ce qui, comme pour la production, marque un tournant par rapport au studio habituel, le CTS Studios à Londres. La partition en elle-même marque également un tournant dans la production de John Barry, qui abandonne les cuivres kentonesques de ses précédentes musiques de la saga au profit de passages lents et riches en cordes - une tendance que le compositeur poursuivra dans les années 1980 avec des musiques telles que Out of Africa (1985) ou Quelque part dans le temps (1980). Pour Moonraker, pour la première fois depuis Les diamants sont éternels (1971), Barry a réutilisé un morceau de musique appelé "007" (sur la piste 7), le thème secondaire de James Bond composé par Barry et introduit dans Bons baisers de Russie (1963) lors de l'évasion de Bond avec le lecteur ; quelques morceaux de musique classique ont également été inclus dans le film.

Shirley Bassey

Shirley Bassey, interprète de la chanson-titre du film.

Pour la chanson-titre, Barry a collaboré avec l'auteur-compositeur-interprète Paul Williams pour écrire une chanson qu'il a proposé au chanteur à succès Frank Sinatra. Bien qu'il fût originellement enthousiaste, ce dernier n'a finalement pas souhaité interpréter la chanson. Barry a donc proposé celle-ci au chanteur américain Johnny Mathis mais n'était finalement pas satisfait de l'enregistrement de la pop star. Il a en fin de compte proposé la chanson à la chanteuse Shirley Bassey, qu'il avait rencontré par hasard[17]. La Britannique a donc interprété sa troisième chanson-titre de la saga, ayant auparavant chanté celles de Goldfinger (1964) et Les diamants sont éternels ainsi qu'une autre chanson pour Opération Tonnerre, bien qu'elle n'ait été utilisée que sous sa version instrumentale dans le film final[18]. Une version plus rythmée du thème principal ("Disco Moonraker") a également été utilisée pour le générique de fin[19].

On peut noter le clin d'œil à Steven Spielberg par le truchement de la courte mélodie que produit le digicode d'ouverture du laboratoire vénitien, qui est exactement la petite musique utilisée dans Rencontre du troisième type pour entrer en contact avec les extraterrestres. Spielberg venait de faire un triomphe avec ce film, et à l'époque de la sortie des Dents de la mer, il avait été pressenti puis rejeté (pour manque d'expérience) par les producteurs de James Bond pour réaliser le précédent opus, L'espion qui m'aimait.

Sortie[]

L'avant-première mondiale de Moonraker a eu lieu le 26 juin 1979 à l'Odeon Leicester Square de Londres en présence du prince Philip[3]. Durant la soirée, un fourgon portant une maquette de navette spatiale passait sur la place avec deux figurants en combinaison spatiale[5]. Trois jours après la première, il a été distribué dans 788 salles aux États-Unis. Le film a rapporté 14 744 718 $ à sa première semaine d'exploitation en salles. Sur le continent européen, Moonraker est sorti au mois d'août 1979 dans la plupart des pays, les premières dans les pays nordiques (le Danemark, la Finlande, la Norvège, l'Islande et la Suède) ayant eu lieu entre le 13 et le 18 août. Bien que le film ait été produit en grande partie en France et qu'il impliquait plusieurs acteurs reconnus du cinéma français, l'avant-première française a été relativement tardive car il n'est sorti dans le pays que le 10 octobre 1979. Il a totalisé 3 171 274 entrées dans le pays dont 824 147 à Paris[1] et a rassemblé 413 314 spectateurs lors de sa première semaine. Cela a permis au film de culminer à la 5ème place de l'année de 1979, derrière Le gendarme et les extra-terrestres, Apocalypse Now, Flic ou voyou, Et la tendresse ? Bordel ! et Superman[6]. Comme mentionné précédemment, malgré des critiques globalement mitigées, Moonraker a rapporté 210 308 099 $ à travers le monde[1] et était donc à l'époque le film de James Bond et de United Artists le plus rentable jusqu'à GoldenEye.

Médias[]

Photos[]

Vidéos[]

Notes[]

  • Dans ce film, James Bond ne tire qu'une seule fois avec une arme à feu, lorsqu'il abat l'assassin dans l'arbre lors de la scène de chasse. C'est aussi le seul film où Bond n'est pas aperçu avec son arme de prédilection, que ce soit le Walther PPK ou le Walther P99.
  • C'est la quatrième fois que le bureau de M est déplacé dans un cadre inhabituel. En effet il a déjà été transféré à bord du HMS Tenby, un sous-marin de la Royal Navy, dans On ne vit que deux fois, dans l'épave du RMS Queen Elizabeth dans le port de Hong Kong L'homme au pistolet d'or (1974), dans un tombeau égyptien dans L'espion qui m'aimait et dans un C-130 Hercules dans Tuer n'est pas jouer (1987).
  • Bien que Moonraker montre des navettes spatiales voler dans l'espace, dans la vie réelle, cette prouesse n'a pas été réalisée avant le 12 avril 1981 avec Columbia[20], qui s'est ensuite désintégrée lors de son retour sur Terre le 1er février 2003, deuxième accident mortel de navette après l'explosion au décollage de Challenger le 28 janvier 1986. Néanmoins, bien que ce film soit le premier (et actuellement seul) où Bond se rend dans l'espace, des éléments narratifs traitant de l'espace extra-atmosphérique ont déjà été employés dans James Bond 007 contre Dr. No, On ne vit que deux fois et Les diamants sont éternels.
  • Un astéroïde a été nommé en l'honneur de James Bond le 5 octobre 1983. Il a été découvert par Antonín Mrkos à l'Observatoire Kleť, en République tchèque. Le nom de l'astéroïde, "9007 James Bond", fait référence au numéro de code 007 de James Bond du MI6 et est un hommage à Ian Fleming[3].
  • Le futur cinéaste français à succès Luc Besson a travaillé sur Moonraker comme stagiaire[21].
  • Durant la production du film, les membres britanniques et français de l'équipe ont joué au football. L'équipe britannique a choisi Richard Kiel comme gardien et l'acteur a choisi de se retirer lorsque sa taille énorme empêchait l'équipe française de marquer. Les Britanniques ont finalement remporté le match 7 à 3[20].
  • Malgré l'accueil mitigé des critiques, Lewis Gilbert a confié qu'un tel film est rarement revu trente ou quarante ans plus tard, déclarant : "D'habitude, vous faites un film. Il sort et après, il est oublié. J'ai donc beaucoup de chance."[5]

Références[]

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=7621
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 Evin, Guillaume Perriot, Laurent (2020), Bons baisers du monde. ISBN 2100810820
  3. 3,00 3,01 3,02 3,03 3,04 3,05 3,06 3,07 3,08 3,09 3,10 3,11 et 3,12 https://www.mi6-hq.com/sections/movies/mr_trivia
  4. https://www.imdb.com/title/tt0079574/awards
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 5,6 5,7 et 5,8 Evin, Guillaume (2015). James Bond: L'encyclopédie 007. ISBN 275562227X
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 https://www.dvdclassik.com/critique/moonraker-gilbert
  7. https://www.mi6-hq.com/sections/movies/mr.php3
  8. https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/films/news/steven-spielberg-james-bond-bfg-moonraker-broccoli-007-jaws-close-encounters-a7142731.html
  9. http://bond-james-bond007.blogspot.ch/2015/02/louis-jourdan-une-figure-mythique.html
  10. https://www.imdb.com/title/tt0086034/trivia
  11. 11,0 et 11,1 https://m.imdb.com/title/tt0079574/trivia
  12. https://m.imdb.com/name/nm0000482/trivia
  13. http://filmstarfacts.com/2017/11/27/bond-girls-pt-4/
  14. https://bandsaboutmovies.com/2020/04/10/the-spy-who-loved-me-1977/
  15. https://whatculture.com/film/20-things-you-didn-t-know-about-moonraker-1979?page=15
  16. https://www.commander007.net/1979/moonraker-les-scenes-coupees/
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  19. https://www.mi6-hq.com/sections/movies/mr_music
  20. 20,0 et 20,1 http://www.commander007.net/2016/12/quelques-anecdotes-films/
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