James Bond
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Grosbonnet: "[S'adressant à ses hommes] C'est ça, l'espèce de pignoufl qui te filait en ville ?"
James Bond: "Écoutez, il me semble qu'il y a méprise. Mon nom est..."
Grosbonnet: "Les noms, c'est pour les pierres tombales, mon pote !"
―M. Grosbonnet et James Bond[src]

Vivre et laisser mourir (Live and Let Die en version originale) est un film d'espionnage britannique réalisé par Guy Hamilton et sorti en 1973. Il s'agit du huitième opus de la série centrée sur l'agent du MI6 James Bond produite par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli par l'intermédiaire de leur société EON Productions. C'est le premier des sept métrages à mettre en scène l'acteur britannique Roger Moore dans le rôle de l'espion titulaire, le précédent interprète Sean Connery ayant refusé de revenir dans la série après le précédent film, Les diamants sont éternels (1971).

Le scénario a été écrit par le scénariste et réalisateur américain Tom Mankiewicz. Bien qu'il comporte de nombreuses différences avec l'intrigue originale, il est basé sur le roman éponyme de 1954 de l'écrivain et ancien espion Ian Fleming (d'abord paru en France sous le titre Requins et services secrets). Dans le film, Bond est chargé d'enquêter sur les meurtres de trois agents britanniques, et se retrouve confronté à un trafiquant d'héroïne afro-américain connu sous le nom de M. Grosbonnet (Mr. Big en V.O.). Celui-ci se révèle être le Dr. Kananga, le dictateur corrompu d'une petite île fictive des Caraïbes sur laquelle du pavots est cultivé en secret. Le film a été fortement influencé par l'ère de la blaxploitation des années 1970[2] et s'écarte donc des complots de méchants mégalomanes typiques de James Bond, pour mettre l'accent sur le trafic de drogue beaucoup plus terre à terre, une caractéristique courante dans la blaxploitation. Vivre et laisser mourir comporte aussi d'autres archétypes et clichés du genre comme des coiffures afro, des stéréotypes raciaux et des gangsters noirs. Il aborde également des sujets comme le culte vaudou, un autre thème inhabituel pour la série. En dehors de Moore, le film met en scène l'acteur afro-américain Yaphet Kotto (plus tard, un des sept passagers du Alien de Ridley Scott de 1979) dans le rôle du Dr. Kananga. ainsi que Jane Seymour (Docteur Quinn, femme médecin) dans le rôle de la cartomancienne Solitaire. Sont également présents Julius W. Harris, Geoffrey Holder, David Hedison et Clifton James dans des rôles secondaires. Vivre et laisser mourir est en outre notable pour l'apparition de la première James Bond Girl noire, Rosie Carver, incarnée par Gloria Hendry.

Le budget du film est estimé à 7 000 000 $, il a rapporté plus de 126 000 000 $ (environ 729 millions en avril 2019[3]) au box-office mondial. Il a reçu des critiques généralement positives, notamment en raison de la prestation convaincante de Moore. La chanson titre écrite par Paul et Linda McCartney et qu'ils interprètent au sein de leur groupe Wings, a également été nommée pour l'Oscar de la meilleure chanson originale. Plusieurs éléments du film ont ensuite été repris dans les produits dérivés de la série, notamment le jeu de rôle sur table James Bond 007, et plusieurs personnages, notamment le Baron Samedi et Kananga, ont été ré-introduits dans des jeux-vidéos (notamment dans les modes multijoueurs) comme GoldenEye 007 (1997) et 007 Legends (2012).

Synopsis[]

Suite aux assassinats simultanés de trois agents du MI6 (Dawes, Hamilton et Baines), morts dans des circonstances mystérieuses en l'espace de 24 heures alors qu'ils surveillaient le Dr. Kananga, le dictateur de la petite île de San Monique, dans les Caraïbes, l'agent de terrain James Bond est envoyé à New York par son supérieur M pour y débuter une enquête. En visite aux Nations Unies, Kananga, informé des agissements de l'agent 007 par Solitaire, sa cartomancienne qui a le don de prédire l'avenir, tente de faire tuer Bond. Il envoie pour cela un de ses sbires éliminer le chauffeur de 007 mais ce dernier réchappe de l'accident provoqué. La plaque d'immatriculation du tueur mène Bond à Harlem où il fait la rencontre de M. Grosbonnet, un trafiquant de drogue possédant la chaîne de restaurants Fillet of Soul, présente à travers tous les États-Unis. Mais ni l'agent britannique ni la CIA ne comprennent pourquoi le gangster noir le plus puissant de New York travaille avec un politicien sans importance.

James Bond et Rosie

Bond rencontrant Rosie.

Après avoir échappé aux sbires de Grosbonnet grâce à un collègue de son ami de la CIA, Felix Leiter, qui l'avait suivi, Bond se rend à San Monique. Un serpent venimeux est introduit dans sa chambre d'hôtel mais il survit à cette tentative d'assassinat, puis est abordé par Rosie Carver, un agent local de la CIA. Ils prennent contact avec Quarrel Fils, un batelier allié à 007 (fils du Quarrel de James Bond 007 contre Dr. No dans un rôle identique), qui les emmène vers l'endroit où Baines a été tué. Pendant ce temps, Solitaire utilise ses cartes pour essayer de connaître le destin de l'agent britannique mais elle tire la carte des amoureux et décide de mentir à Kananga en prétendant avoir tiré la carte de la mort, amenant celui-ci à tendre un piège à l'enquêteur. Dans un même temps, Bond soupçonne Rosie d'être un agent double pour Kananga. Cette dernière tente de s'échapper mais est immédiatement tuée par les hommes de Kananga. Le commander se fait ensuite conduire à la résidence de Solitaire par Quarrel Fils et trompe la jeune femme avec un jeu de tarot truqué qui n'a que des cartes "amoureux" pour lui faire croire que leurs destins sont liés, puis couche avec elle. Ayant perdu sa virginité et par conséquent sa capacité à prédire l'avenir, Solitaire réalise qu'elle sera tuée par Kananga et accepte donc à contrecœur d'accompagner 007.

Après avoir découvert des champs de pavot sur l'île, Bond et Solitaire échappent aux hommes de Kananga lancés à leur poursuite et rejoignent la Louisiane. Toutefois, les sbires de leur ennemi les piègent à l'aéroport et capturent la médium alors que l'espion parvient à s'enfuir avec l'aide d'une apprentie pilote. Rejoignant Leiter, 007 se rend avec lui au restaurant Fillet of Soul de La Nouvelle-Orléans mais est capturé à nouveau lorsque son allié est appelé au téléphone. L'Anglais est à nouveau confronté par M. Grosbonnet, qui retire le masque en latex qu'il porte et se révèle être Kananga. 007 réalise alors que ce dernier cultive des champs de pavot sur San Monique en effrayant les habitants de l'île avec le culte vaudou personnifié par le prêtre mystique Baron Samedi. En tant que Grosbonnet, Kananga projette de vendre l'héroïne à prix réduit dans ses restaurants, ce qui augmentera le nombre de toxicomanes. Il a alors l'intention de mettre d'autres trafiquants de drogue en faillite avec son "cadeau", et ensuite de facturer des prix élevés pour son héroïne afin de capitaliser sur l'énorme dépendance des toxicomanes qu'il aura créée.

Kananga confrontant Solitaire

Kananga confrontant Solitaire après avoir découvert sa trahison.

Mais Kananga est jaloux. Afin de vérifier si Solitaire a couché avec Bond, il teste les pouvoirs de la cartomancienne et découvre qu'elle a perdu son don, bien qu'il ne révèle pas son échec devant 007. En colère, le dictateur livre la voyante traîtresse au Baron Samedi pour qu'elle soit sacrifiée dans le rituel vaudou de San Monique qui a déjà coûté la vie à Baines. Il ordonne également à ses hommes, menés par son subordonné Adam et son lieutenant Tee Hee, affublé d'un bras artificiel terminé par une puissante pince métallique, d'emmener 007 dans ferme à alligators cachée dans le bayou qui dissimule son laboratoire de drogue afin que l'agent "00" soit dévoré par les sauriens. Cependant, alors que ce dernier est laissé à une mort certaine sur un petit îlot au milieu d'un lac, il s'échappe en courant sur le dos des animaux. Après avoir mis le feu au laboratoire de la ferme, il vole un hors-bord et s'échappe, poursuivi simultanément par les hommes de Kananga dirigés par Adam et la police d'État de Louisiane dirigée par le shérif J.W. Pepper. La plupart des poursuivants sont mis hors-jeu durant la course-poursuite et Bond parvient à rejoindre Leiter, qui l'informe que Kananga est retourné à San Monique avec Solitaire et le Baron Samedi.

Solitaire et Bond face à Kananga

Solitaire et Bond étant face à Kananga.

Se rendant à son tour sur l'île avec Leiter et Quarrel Fils, Bond leur demande de placer des explosifs à retardement dans les plantations de pavots pour les détruire, tandis qu'il interrompra le sacrifice vaudou et sauvera Solitaire en jetant le Baron Samedi dans un cercueil rempli de serpents venimeux, tuant apparemment le sorcier énigmatique. Bond et Solitaire s'échappent ensuite par un passage souterrain mais se retrouvent dans un autre repaire de Kananga, qui les capture à nouveau. Il leur révèle que la production de sa drogue n'est pas interrompue puisqu'il lui reste encore de gros approvisionnements d'héroïne. Faisant attacher le couple à un treuil habituellement utilisé pour charger l'héroïne sur un monorail il projette de les jeter à ses requins après avoir entaillé Bond au bras avec sa machette. Heureusement, 007 se libère lui et Solitaire, grâce à sa montre gadget conçue par Q. Il affronte alors Kananga, lui enfonçant dans la bouche une capsule à air comprimé également conçue par Q, qui le fait gonfler jusqu'à exploser.

Leiter accompagne finalement Bond et Solitaire au quai d'une gare où les deux amants prennent un train pour l'Angleterre. Cependant, Tee Hee se fait introduire clandestinement à bord et atteint le compartiment du couple pour les éliminer. mais James parvient à couper les câbles du bras artificiel du tueur, maintenant sa pince définitivement fermée sur la poignée de fenêtre du train, et le défenestre. Néanmoins, on réalise que le Baron Samedi, toujours vivant, est perché à l'avant du train et rie méchamment.

Distribution[]

Production[]

Genèse du projet et écriture[]

Durant le tournage du film Les diamants sont éternels, le roman Vivre et laisser mourir a été choisi pour servir de base au prochain opus de la saga car le scénariste Tom Mankiewicz pensait qu'il était opportun de faire apparaître des méchants noirs puisque les Black Panthers et d'autres mouvements raciaux étaient très actifs à l'époque. Mankiewicz a été invité à participer au projet par Guy Hamilton après avoir co-écrit le dernier film[5]. Hamilton étant fan de jazz, Mankiewicz a proposé à ce que l'action du film se déroule à La Nouvelle-Orléans. Le réalisateur s'est toutefois souvenu que le Mardi gras et la parade musicale du Junkanoo sont déjà apparus dans Opération Tonnerre (1965) mais la ville a finalement été conservée après que l'équipe ait fait des repérages par hélicoptère. Mankiewicz a commencé la rédaction du script, qui n'a en fin de compte que très peu de rapports avec le roman.

Pour avoir une meilleure idée de la manière dont le vaudou était pratiqué, Harry Saltzman et Albert R. Broccoli firent d'autres repérages à La Nouvelle-Orléans, puis dans les îles des Antilles avec Hamilton, Mankiewicz et le directeur artistique Syd Cain. Haïti était une destination importante de la tournée, Ian Fleming l'avait même associée à la religion dans son roman. Bien que la production ait pu assister à des manifestations vaudous réelles, il fut décidé de ne pas filmer à Haïti en raison de l'agitation politique sous le régime du dictateur François "Papa Doc" Duvalier, qui régnait dans le pays à l'époque. Bien qu'étant un pays fictif, San Monique partage de nombreuses similitudes avec Haïti, notamment le fait qu'elle est l'une des nations les plus pauvres du monde, et que le dictateur qui la dirige a utilisé la peur du vaudou de la population locale pour asseoir son pouvoir, allant jusqu'à prétendre être un mort-vivant.

En cherchant d'autres lieux de tournage en Jamaïque, l'équipe du film a découvert une ferme d'alligators à l'entrée de laquelle se trouvait le panneau "les intrus seront dévorés". La ferme a été utilisée pour le film et Mankiewicz a même utilisé le nom de son propriétaire, Ross Kananga, pour le Dr. Kananga. Ce dernier avait une longue histoire avec les crocodiles et les alligators de la ferme, l'un d'eux ayant mangé son père[6]. Il a en outre été envisagé de faire revenir Honey Ryder, la James Bond Girl iconique interprétée par Ursula Andress dans le premier film de la saga, James Bond 007 contre Dr. No (1962)[7], mais il a en fin de compte été convenu qu'il serait inapproprié de faire vivre une nouvelle histoire d'amour entre James Bond et ce personnage[8].

Le scénariste habituel, Richard Maibaum, a déclaré qu'il a refusé de participer à ce film car il était trop occupé et qu'il n'a pas apprécié le produit final. Toutefois, Maurice Binder est revenu à la conception du générique et Ted Moore a repris son poste de directeur de la photographie, marquant la sixième participation des deux hommes à la série. Peter Hunt, ancien monteur de la saga et réalisateur de Au service secret de Sa Majesté (1969), a quant à lui refusé de réaliser ce film[9], ayant donc permis le retour de Guy Hamilton derrière la caméra.

Distribution[]

Après Les diamants sont éternels, Harry Saltzman et Albert Broccoli ont tenté de convaincre Sean Connery de reprendre le rôle de Bond. Ils demandèrent à Tom Mankiewicz de déjeuner avec l'acteur afin d'évaluer son intérêt potentiel pour ce film. Connery estimait toutefois que son "obligation" envers le rôle devait prendre fin à un moment donné[10] et a refusé un cachet de 5 000 000 $ pour participer à ce nouveau film.

Saltzman et Broccoli ont donc envisagé plusieurs acteurs pour lui succéder. La United Artists a souhaité que le rôle soit tenu par un acteur américain et l'a entre autres proposé à Adam West, Clint Eastwood, Burt Reynolds, Paul Newman, Robert Redford et John Gavin. Voulant plutôt un acteur britannique[11], Broccoli a fait passer des auditions à Julian Glover, Michael Billington, John Gavin, Jeremy Brett, Simon Oates, Michael McStay, John Ronane et William Gaunt, Billington étant devenu son favori. Le célèbre acteur Anthony Hopkins a également fait partie des acteurs envisagés pour incarner Bond[12]. Finalement, Roger Moore, qui fut déjà approché pour le rôle à l'époque de Au service secret de Sa Majesté mais s'était avéré être indisponible[13][14], a été choisi le 1 août 1972, alors que Billington restait à disposition s'il changeait d'avis. Moore a donc signé un contrat pour trois films et Tom Mankiewicz a adapté le scénario à l'acteur, notamment en ajoutant des scènes humoristiques, rendant ainsi son itération radicalement différente de celle de Sean Connery. En outre, un certain nombre des préférences personnelles de Moore ont été transférées dans sa version du personnage de Bond, notamment son attrait pour les cigares cubains, le mettant ainsi en contraste avec les versions de Connery, George Lazenby et Timothy Dalton, qui fument tous des cigarettes. Néanmoins, certains éléments caractéristiques du Bond de Moore ont été abandonnés au fur et à mesure du mandat de l'acteur pour revenir aux fondamentaux.

De leurs côtés, Julian Glover et Billington joueraient tous deux des antagonistes dans les futurs films, Glover incarnant Aris Kristatos dans Rien que pour vos yeux (1981) et Billington jouant Sergei Barsov dans L'espion qui m'aimait (1977).

Avant que Jane Seymour n'ait décroché le rôle de Solitaire, Broccoli et Saltzman ont envisagé de confier ce rôle de James Bond Girl à la chanteuse et actrice noire-américaine Diana Ross, toujours dans le but de coller à la tendance blaxploitation de l'époque. Cependant, le département marketing du film a estimé qu'au moins six pays ne diffuseraient pas le film si Bond couchait avec une femme noire, et Ross a donc dû être écartée. Néanmoins, Vivre et laisser mourir présente toujours l'actrice noire-américaine Gloria Hendry dans le rôle de Rosie Carver, qui est brièvement impliquée dans une relation avec Bond. Bien qu'ils ne soient jamais montrés ensemble dans des situations trop suggestives, il est assez clair qu'ils ont couché ensemble[15].

D'après Roger Moore, Jane Seymour n'a eu qu'à démêler sa longue chevelure lors de son casting pour décrocher le rôle. La comédienne a ajouté à ce propos : "Je portais un chapeau en fourrure parce qu’on m’avait toujours dit que j’avais une toute autre tête quand j’avais le visage dégagé. Quand j’ai retiré le chapeau, mes cheveux sont tombés en cascade. C’était gagné. Harry [Saltzman] m’a dit : "Nous vous offrons le rôle principal."[15]. Seymour a toutefois été partiellement doublée dans la version originale par l'actrice allemande non créditée Nikki van der Zyl[4].

L'acteur américain d'origine arménienne David Hedison, a été engagé pour jouer le rôle de Felix Leiter à la suggestion de Tom Mankiewicz, à un moment où Sean Connery était toujours censé incarner Bond[16]. Hedison et Roger Moore avaient travaillés ensemble à plusieurs reprises et étaient amis dans la vie réelle.

Bernard Lee, qui incarne ici M pour la huitième fois, souffrait du cancer de l'estomac (qui l'a finalement emporté en 1981) au moment du tournage de ce film. Il a finalement pu se rétablir pour continuer d'interpréter son personnage jusqu'à Moonraker (1979)[17].

Au désarroi de l'acteur Desmond Llewelyn, qui incarnait Q dans les six films précédents, Broccoli et Saltzman ont curieusement décidé de ne pas faire apparaître le quartier-maître iconique dans ce film (bien qu'il soit mentionné par les autres personnages) en estimant qu'il y avait trop de gadgets. À la demande des fans, Llewelyn a repris son rôle dans L'homme au pistolet d'or (1974) et dans tous les films suivants jusqu'à Le monde ne suffit pas (1999). Vivre et laisser mourir demeure en conséquence l'un des trois seuls films de la série (avec Casino Royale (2006) et Quantum of Solace (2008)) où le personnage est totalement absent.

L'actrice britannique Madeline Smith a été recommandée pour le rôle de Mlle Caruso par Roger Moore, après que le comédien soit apparu avec elle dans un épisode de la série Amicalement vôtre[18]. Smith a déclaré que Moore s'était montré extrêmement poli durant leur collaboration, mais qu'elle s'était sentie très mal à l'aise de n'être vêtue que d'une culotte bleue de bikini alors que la femme de Moore, Luisa Mattioli, était sur le plateau pour observer la scène[19].

Le rôle de Hamilton, l'un des agents tués dans la séquence de pré-générique, devait initialement être joué par un acteur local de La Nouvelle-Orléans, mais après avoir découvert l'ampleur de la scène, l'acteur s'est désisté et a été remplacé par l'acteur vétéran Robert Dix. Ce dernier rendait visite à Roger Moore, qui était un vieil ami de l'époque où il était sous contrat avec la MGM, lorsqu'il a appris la décision de l'acteur original de se retirer. Approché par Guy Hamilton, Dix a accepté d'interpréter ce rôle mineur, mais néanmoins crucial, à titre de faveur personnelle[20].

Tournage[]

Poursuite en bateaux

La poursuite en bateaux comme elle est montrée dans le film.

Le tournage de Vivre et laisser mourir a débuté le 13 octobre 1972 en Louisiane, dans le sud des États-Unis, et s'est terminé le 15 mars 1973. Les prises de vue ne se sont faites dans un premier temps qu'avec la seconde équipe, dirigée par Bob Simmons, car Moore s'était fait diagnostiquer une lithiase urinaire[11][13]. Parmi les premières scènes tournées par l'acteur figurent la scène de poursuite en bateaux, qui a été tournée en octobre 1972[21] dans la région d'Irish Bayou, en Louisiane, et devait quelques fois être interrompue à cause d'inondations. La séquence a nécessité 15 jours de tournage ainsi que 44 hors-bords construits pour le film par la société Glastron. 17 d'entre eux devant être détruits[21]. La scène du saut en hors-bord au-dessus du bayou, filmée à l'aide d'une rampe spécialement construite, a involontairement établi un record du monde de l'époque par Guinness, ayant atteint une hauteur de 34 mètres. Une cascade réalisée par le cascadeur Jerry Comeaux[3], un spécialiste du pilotage de hors-bords[21]. Le coût des deux sauts effectués par Comeaux s'est élevé à 200 000 $[21]. Le pilote Joie Chiftwood, qui joue le petit rôle de Charlie dans ce film, a également pris part à cette partie du tournage[21][22]. Les vagues créées par l'impact ont provoqué le retournement du bateau suivant, et le bateau n'était pas non plus censé détruire la voiture de patrouille de J.W. Pepper, ce qu'il a fait remarquablement bien. Et grâce au jeu spontané de Clifton James, cette scène a été conservée. Pendant la production, le shérif local a insisté pour qu'aucun homme noir ne conduise de véhicules dans sa paroisse, mais il a été contraint d'accepter lorsque les producteurs ont menacé de déplacer le tournage dans un autre lieu. Moore est tombé malade durant le tournage de la séquence et a été transporté d'urgence à l'hôpital de La Nouvelle-Orléans. Le bateau du comédien aurait également été projeté dans un hangar et il s'est alors cassé plusieurs dents et tordu le genou[3][21]. Néanmoins, bien que Moore dû marcher avec une canne pendant plusieurs jours, il a pu terminer le tournage de la séquence lui-même car il devait seulement être assis dans le bateau[11].

Ross Kananga a suggéré la désormais célèbre cascade de Bond marchant sur des crocodiles de la ferme pour leur échapper. Il a été engagé par les producteurs pour l'exécuter. Pour les besoins de la cascade, Kananga avait attaché les pattes des crocodiles mais a laissé leurs mâchoires et leurs queues libres[6]. La scène a nécessité six prises mais Kananga a failli mourir sur l'une d'elles, lorsqu'un crocodile lui a attrapé la jambe au passage, déchirant son pantalon[3][11]. Moore a néanmoins effectué la plupart de ses autres cascades sur ce film. La production a également rencontré des problèmes avec les serpents durant les scènes de la cérémonie vaudou en Jamaïque : la responsable du scénario était si effrayée qu'elle a refusé d'être sur le plateau avec l'équipe, Un acteur s'est évanoui pendant le tournage d'une scène où il est mordu par un serpent. Jane Seymour était terrifiée par un serpent devant son visage et Geoffrey Holder n'a accepté de tomber dans le cercueil rempli de serpents que parce que la princesse Alexandra (de la famille royale britannique) visitait le plateau[23]. Enfin, durant le tournage de la scène, le danseur qui tenait le serpent a été mordu et a laissé tomber le reptile qui a failli mordre Seymour alors qu'elle était attachée à un pieu dans le cadre de la scène ; le responsable du serpent a attrapé l'animal à quelques centimètres des pieds de l'actrice.

Poursuite avec le bus

La poursuite avec le bus comme elle est montrée dans le film.

La poursuite impliquant le bus à impériale a été filmée avec un ancien bus londonien dont la partie supérieure a été retirée, puis remise en place sur des roulements à billes pour lui permettre de glisser lors de l'impact. Les cascades impliquant le bus ont été réalisées par Maurice Patchett, un instructeur de conduite de bus des transports londoniens.

En novembre, la production s'est déplacée en Jamaïque, censée être l'île fictive de San Monique. En décembre, l'équipe tournait simultanément des scènes d'intérieurs dans les studios de Pinewood au Royaume-Uni et des scènes extérieurs dans le quartier de Harlem à New York. Les producteurs ont dû verser de l'argent à un gang local (qui était à l'époque l'un des quartiers les plus dangereux de New York) pour assurer la sécurité de l'équipe. La seule scène qui a été filmée à Harlem est celle du combat entre Bond et les hommes de main de M. Grosbonnet dans une ruelle. Le directeur artistique Peter Lamont a fait couper les fils téléphoniques qui pendaient des immeubles et les a exposés pour créer un effet d'ambiance, sans se rendre compte qu'ils étaient encore sous tension. Il a involontairement coupé le service téléphonique de l'immeuble. Certains extérieurs, notamment le restaurant Fillet of Soul et le magasin vaudou[3], ont en réalité été tournés dans l'Upper East Side de Manhattan en raison des difficultés rencontrées pour tourner à Harlem. La poursuite dans la rue a été tournée sur FDR Drive.

Cartes de tarot

Les cartes de tarot de Solitaire comme elles apparaissent dans le film.

L'artiste espagnol Salvador Dalí a été contacté par la production pour créer un jeu de cartes de tarot pour le film mais le prix demandé par ce dernier était supérieur à l'ensemble du budget du film. Le jeu utilisé a finalement été conçu par l'artiste écossais Fergus Hall alors que Dalí a continué de travailler sur le jeu et l'a publié en 1984[24]. La carte de la grande prêtresse a été délibérément conçue pour ressembler à Jane Seymour.

Musique[]

John Barry, qui avait travaillé sur les sept films précédents, n'était pas disponible pendant la production de Vivre et laisser mourir car il travaillait sur la comédie musicale Billy[9]. Albert Broccoli et Harry Saltzman ont alors demandé à Paul McCartney d'écrire la chanson-titre du film. Étant donné que l'important salaire demandé par McCartney était élevé, le reste du budget musical ne pouvait permettre d'engager un autre compositeur que George Martin, qui avait été le producteur de McCartney lorsqu'il faisait partie des Beatles[25].

Live and Let Die, écrite par McCartney et sa femme Linda et interprétée par leur groupe Wings, a été la première véritable chanson rock and roll utilisée pour accompagner le générique d'un film de James Bond. Elle a connu un grand succès au Royaume-Uni (où elle a atteint la neuvième place des charts) et surtout aux États-Unis (où elle a atteint la deuxième place, pendant trois semaines). Elle a été nominée pour les Oscars, mais a été battue par "The Way We Were" de Barbara Streisand. Saltzman et Broccoli ont engagé B. J. Arnau pour enregistrer et interpréter la chanson-titre, sans savoir que McCartney avait l'intention de l'interpréter lui-même. La version d'Arnau apparaît tout de même dans le film, la chanteuse l'interprétant dans une boîte de nuit où se rend James Bond[26].

Dans la séquence de pré-générique, l'Olympia Brass Band interprète une marche funèbre observée par l'agent Hamilton. La pièce musicale du début de la marche funèbre est "Just a Closer Walk with Thee". Le trompettiste Alvin Alcorn incarne l'assassin armé d'un couteau. Après que Hamilton ait été mortellement poignardé, l'orchestre commence à jouer le morceau plus vif "New Second Line" (également connu sous le nom de "Joe Avery's Piece"), composé par Milton Batiste[26].

Sortie[]

Le film est sorti aux États-Unis le 27 juin 1973 mais son avant-première mondiale s'est tenue le 6 juillet 1973 à l'Odeon Leicester Square de Londres et il est sorti au Royaume-Uni le même jour. Lors de la première sortie du film en Afrique du Sud, les scènes d'amour entre Gloria Hendry et Roger Moore ont été supprimées car les relations interraciales étaient interdites par le gouvernement de l'apartheid. Comme mentionné précédemment, Vivre et laisser mourir a rapporté plus de 126 000 000 $ à travers le monde. En France, il est sorti le 21 décembre 1973 et a totalisé 3 053 913 entrées dont 913 342 à Paris[1], culminant à la sixième place du box-office dans le pays, derrière Les aventures de Rabbi Jacob, Mon nom est personne, Mais où est donc passée la 7ème compagnie ?, Le grand bazar et L'emmerdeur, bien qu'il soit le seul succès de l'Hexagone à ne pas être une comédie pure[27].

Médias[]

Photos[]

Vidéos[]

Notes[]

  • Vivre et laisser mourir est le seul film de la franchise dans lequel Bond n'est pas visible dans le pré-générique, même s'il est apparu sous la forme d'un double dans Bons baisers de Russie (1963) et d'un mannequin dans L'homme au pistolet d'or. D'après l'analyse du spécialiste de James Bond Frédéric Albert Lévy dans son livre Bond, l'espion qu'on aimait, le fait de ne pas montrer Bond dans la séquence de pré-générique de ce film mais plutôt d'autres agents se faisant assassiner, permet de tuer symboliquement l'ancien interprète de 007, en l'occurrence Sean Connery, pour laisser place au nouveau[28].
  • C'est aussi le deuxième film après James Bond 007 contre Dr. No dans lequel la résidence de Bond est montrée, le traditionnel briefing par M n'ayant exceptionnellement pas eu lieu dans le bureau du chef du MI6. Il en sera de même avec 007 Spectre (2015).
  • C'est le premier et, à ce jour, seul film de James Bond, à reconnaître le surnaturel. Bien qu'il y ait des indications que le Baron Samedi soit simplement un magicien et un showman, et que sa "résurrection" après sa chute dans un cercueil de serpents pourrait être expliquée comme un tour, les capacités divinatoires de Solitaire sont plus difficiles à rationaliser.
  • Vivre et laisser mourir marque la seule occasion où Bond commet ce qui s'apparente à un assassinat politique puisque Kananga est le chef d'une nation.
  • Vivre et laisser mourir partage de nombreuses similitudes avec James Bond 007 contre Dr. No :
    • Ils introduisent tous deux un nouvel acteur dans le rôle de Bond.
    • Ils ont tous deux été filmés en Jamaïque (bien que l'intrigue de Vivre et laisser mourir ne s'y déroule pas).
    • Les deux s'ouvrent sur le meurtre d'un agent britannique tué par des passants apparemment inoffensifs (respectivement Hamilton et John Strangways).
    • Les deux comportent une scène où Bond est menacé dans sa chambre d'hôtel par une créature effrayante (un serpent dans Vivre et laisser mourir / une tarentule dans James Bond 007 contre Dr. No).
    • Les deux mettent en scène un faux chauffeur de taxi travaillant pour le méchant (un chauffeur anonyme dans Vivre et laisser mourir / M. Jones dans James Bond 007 contre Dr. No).
    • Les deux montrent Bond et Quarrel (ou son fils), naviguer vers le domaine insulaire du méchant sous le couvert de la nuit.
    • Dans les deux films, le méchant tient les habitants de son île à distance en ressuscitant des terreurs mythologiques à l'aide de la technologie moderne.
    • Les deux films mettent également en avant un méchant avec une prothèse en guise de bras (Tee Hee dans Vivre et laisser mourir / le Dr. Julius No dans James Bond 007 contre Dr. No).
  • Il s'agit du film préféré de l'acteur Daniel Craig, dernier interprète de Bond en date, et de Sam Mendes, le réalisateur de Skyfall (2012) et de 007 Spectre[29].

Références[]

  1. 1,0 1,1 et 1,2 http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=8525
  2. Chapman, James (2007). Licence to Thrill: A Cultural History of the James Bond Films. New York: I.B. Tauris ISBN 0231120486
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 Evin, Guillaume Perriot, Laurent (2020), Bons baisers du monde. ISBN 2100810820
  4. 4,0 et 4,1 https://www.mi6-hq.com/sections/articles/biography-nikki-van-der-zyl
  5. http://www.commander007.net/2017/07/vivre-laisser-mourir-shooting-script/
  6. 6,0 et 6,1 https://screenrant.com/live-let-die-bond-crocodile-jump-stunt-video-terrifying/
  7. https://whatculture.com/film/20-things-you-didn-t-know-about-live-and-let-die-1973
  8. https://www.mi6-hq.com/sections/movies/dn_trivia
  9. 9,0 et 9,1 Field, Matthew (2015). Some kind of hero : 007 : the remarkable story of the James Bond films. Ajay Chowdhury. Stroud, Gloucestershire. ISBN 0750964219. OCLC 930556527.
  10. https://screenrant.com/live-let-die-movie-sean-connery-bond-rejection/
  11. 11,0 11,1 11,2 et 11,3 https://www.imdb.com/title/tt0070328/trivia/
  12. https://screenrant.com/live-let-die-anthony-hopkins-bond-rejection-villain-roles/
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